mercredi 2 novembre 2016

Estampes érotiques shunga et l'univers de la mode actuelle


"Viens chez moi je te montrerai mes estampes japonaises".

Cette phrase était dans les années 70 à 80 une phrase d'accroche pour les hommes désireux d'attirer leur conquête chez eux. Ce qui laissa penser à une génération complète que l'estampe érotique japonaise était la généralité.

Il est vrai que l'on ne peut parler d’estampes japonaises sans évoquer  les estampes érotiques appelées aussi shunga.


Il y a un lien étroit entre l’estampe, le théâtre et la littérature. Lorsque la littérature choisit pour sujet la vie dans les quartiers, les amours homosexuels, le shunga suivit cette mode.

Aujourd'hui, Issey Miyake a décidé de mettre à l'honneur les shunga au travers d'une collection homme plissé. A découvrir sur leur site internet 



Le Japon et les estampes japonaises n'ont pas fini de nourrir l'imaginaire contemporain...

samedi 22 octobre 2016

Shin Hanga et l'artiste Hiroshi Yoshida


Né en 1876, Hiroshi Yoshida est le fils d'un directeur d'école primaire.
Il commence sa carrière artistique comme peintre et remporte de nombreux prix lors d'expositions.


C'est à partir de 1920, et sa rencontre avec Watanabe Shozaburô, éditeur et surtout lanceur du mouvement shin hanga, que Hiroshi Yoshida devient artiste d'estampes japonaises. Il en publiera 7 avec Watanabe. 

Mais les incendies qui suivent le grand séisme du Kantô  de 1923, détruit entièrement l'atelier de Watanabe ainsi que tous les blocs de bois de Hiroshi Yoshida et plus d'une centaine d'estampes.

Hiroshi décide alors de créer son propre atelier en 1925 et embauche graveurs et imprimeurs. Il supervise de très près leurs travaux. Rapidement il préfère sculpter et imprimer lui-même ses oeuvres et rejoint le mouvement Sôsaku hanga.



Voyageur infatigable, il sillonne le monde, des Etats Unis, en Europe, d'Afrique en Inde, de Chine en Corée, et bien évidemment le Japon. Il en rapporte des croquis qui nourriront ses estampes de paysages. A l'instar des impressionnistes, Hiroshi a réalisé plusieurs estampes en plusieurs versions : à différents moments de la journée, ou bien au soleil ou sous la pluie...




Alpiniste chevronné, il crée une association "Nihon Sangaku ga Kyokai". Son amour pour la montagne se reflète également dans certaines de ses estampes.





Artiste cosmopolite, Hiroshi prévoit vers la fin de sa vie de réaliser une série s'intitulant les cent vue du monde. Malheureusement il meurt en 1950, sans avoir pu réaliser son projet.

Il laisse au total 259 estampes, dont les 7 premières ont été publiées chez Watanabe, les autres par lui-même.

En plus de son oeuvre reconnu dans le monde entier, Hiroshi Yoshida laisse ses deux fils Toshi Yoshida et Hodaka Yoshida qui deviendront tous deux de grands artistes.


Retrouvez nous sur notre site www.estampes-japonaises.com

jeudi 13 octobre 2016

Shin hanga et l'artiste Hasui Kawase

Hasui Kawase (1883 - 1957) deviendra l'un des artistes les plus prolifiques de ce mouvement et travaillera principalement avec Watanabe Sozaburo. Kawaguchi & Sakai, Bijutsusha, Isetatsu, Kato Junji, Tokyo Shobido, et enfin Doi Teiichi seront également ses éditeurs.


Il réalise environ 600 estampes différentes.

En reprenant des thématiques d'estampes (Vingt vues de Tokyô, choix de paysages du Tôkaidô), il s'inscrit dans la lignée des artistes Ukiyoe comme Hokusai et ses trente six vues du mont Fuji, ou bien Hiroshige et ses fameuses cinquante trois stations du Tôkaidô.

Paysage de Sesshû
Hasui Kawase voyage beaucoup et nombre de ses estampes sont basées sur de magnifiques aquarelles qu'il réalise lors de ses voyages. En cela il se rapproche du moine zen Sesshû qui, au XVIème siècle, a voyagé à travers la chine et rapporté de magnifiques paysages

Amoureux de la nature, des monuments et des régions de son pays mais aussi de la Corée, il mêle nature idéalisée et architecture précise. En 1936, il réalise un ouvrage sur l'architecture Shintô. Mais il préfère l'atmosphère d'un lieu plutôt que le relevé précis architectural. Hasui suggère plus qu'il ne dépeint un monument dans la totalité. Quelques marches, une porte, une terrasse lui suffisent.

Série des souvenirs de voyage
Le sanctuaire Tsutanuma



Dans ses "souvenirs de voyage" publiés entre 1919 et 1929, il nous livre des paysages des diférentes saisons. Il se rattache ainsi à la tradition du shiki-e (peinture des saisons) et des meisho-e (peinture de lieux célèbres).








Neige de printemps à
Kiyomizu - Kyoto
Editeur Doi Teiichi



Hasui s'impose au fil du temps comme un poète d'atmosphères, saisissant la mélancolie des jours de pluie, la lumière froide des paysages enneigés. Les silhouettes sont petites, lointaines, de dos, semblant fuir, ou alors absentes.









Beaucoup de personnes pensent que c'est son début de carrière qui  est le plus intéressant. Malheureusement le grand tremblement de terre du Kanto en 1923 a détruit tous les blocs rendant quasiment introuvable le travail de cette époque.

Neige au temple Zozoji
Hasui Kawase 


En 1953, le gouvernement japonais veut mettre à l'honneur l'estampe et nommer Hasui Kawase trésor national vivant. iI décide de déclarer trésor culturel immatériel du Japon une estampe de Hasui "Neige au temple Zozoji", réalisée en 1925. C'est un immense honneur pour Hasui Kawase ainsi que pour les artisans (graveurs et imprimeurs) et Watanabe Sozaburo son éditeur historique qui l'ont aidé dans la réalisation de son oeuvre.





Retrouvez des estampes d'Hasui Kawase ou d'autres artistes de shin hanga sur notre site : www.estampes-japonaises.com



jeudi 6 octobre 2016

l'estampe japonaise shin Hanga : le renouveau de l'estampe au XXème siècle

A la fin du XIXème siècle l'estampe japonaise s'essouffle. La révolution Meiji (1868) et l'esthétique occidentale arrive au Japon par l'intermédiaire d'artistes européens venus enseigner dans les écoles d'art ou bien, comme Charles Wirgman, illustrateur anglais, s'installent au Japon. La photographie ainsi que de nouveaux procédés litographiques accélèrent le désintérêt des Japonais pour l'estampe Ukiyoe.

Au début du XXème siècle deux courants nouveaux s'opposent, non pas d'un point de vue pictural ou de l'emploi des matériaux, mais dans la répartition des tâches dans la création d'une oeuvre.

Le premier : shin hanga (estampe nouvelle) perpétue la tradition de la réalisation collective de l'oeuvre : un artiste, un graveur, un imprimeur.

Le second : sôsaku hanga (estampe créative) est l'oeuvre d'une seule et même personne qui dessine, grave et imprime.

En 1909, Watanabe Sozaburo (l'éditeur historique de Hasui Kawase) fonde une société d'étude de l'estampe japonaise avec l'historien Shizuya Fujikake.
Ils décident de publier des estampes d'un genre nouveau tout en utilisant les techniques traditionnelles ainsi que les couleurs.

Dès 1915, il souhaite un traitement plus contemporain (et donc occidental), Watanabe Sozaburo fait appel à des artistes étrangers comme l'anglais Charles W. Bartlett ou l'autrichien Fritz Capelari et reproduit leurs aquarelles.

Vers 1920 la rencontre de Watanabe Sozaburo, l'éditeur, et de Hasui Kawase, l'artiste, permet l'essor du shin hanga.

Watanabe Sozaburo souhaite traiter des trois grands sujets de l'Ikiyoe : le paysage, les jolies femmes (bijin) et les portraits d'acteurs.


Il confie à


Hasui Kawase le premier thème, 








à Itô Shinsui, le second


 



 et Yamamura Kôka le troisième









Le mouvement shin hanga est lancé. L'essor de ce mouvement à l'étranger sera le fait des Américains après la seconde guerre mondiale. L'Europe quant à elle, restera longtemps arrêtée sur l'Ukiyoe de l'époque Edo.